Un levier stratégique pour la transition énergétique
La loi sur les énergies renouvelables impose une transformation d’ampleur dans l’aménagement des parkings extérieurs en France. À l’horizon 2028, tous les parkings de plus de 1 500 m² devront être équipés d’ombrières photovoltaïques sur au moins 50 % de leur surface. Cette obligation concerne l’ensemble des secteurs : grandes surfaces, sites industriels, hôpitaux, parkings de covoiturage, etc.
Ce changement réglementaire représente un potentiel solaire colossal : les 50 000 parkings concernés à travers le pays pourraient générer entre 20 et 25 GW d’énergie solaire. À titre de comparaison, cela équivaut à la puissance installée d’environ 12 réacteurs nucléaires EPR. Un enjeu considérable pour la souveraineté énergétique de la France.
Un défi technique et stratégique
Les centres commerciaux, souvent situés dans des zones stratégiques, soulèvent certaines inquiétudes parmi les professionnels. En effet, certains parkings pourraient être requalifiés à l’avenir, notamment dans le cadre de la loi ZAN (zéro artificialisation nette), ce qui complique leur engagement à long terme. Les fédérations professionnelles réclament ainsi des ajustements : assouplissement des délais, et exclusions ciblées selon les zones.
Sur le plan technique, couvrir entre 25 % et 30 % d’un parking suffit généralement à produire l’équivalent de la consommation énergétique d’une grande surface alimentaire. Le seuil légal de 50 % permet cependant d’optimiser la rentabilité des installations solaires : mutualisation des coûts fixes (raccordement, chantiers), économie d’échelle sur les équipements, et meilleure valorisation de l’électricité produite.
Il reste toutefois nécessaire de bien gérer les surplus d’énergie afin que les installations soient économiquement viables, tant pour l’autoconsommation que pour les producteurs d’énergie.
Un usage doublement valorisé
Au-delà de la production énergétique, ces installations présentent de nombreux avantages : elles protègent les véhicules et les usagers des intempéries et de la chaleur, préservent les revêtements au sol, et favorisent l’implantation de bornes de recharge pour véhicules électriques. En d’autres termes, elles transforment les parkings en infrastructures multifonctionnelles au service de la transition énergétique et de la mobilité durable.
Par ailleurs, en concentrant les efforts sur des surfaces déjà artificialisées, les développeurs évitent des démarches complexes (études d’impact sur la biodiversité, délais administratifs, etc.) et gagnent un temps précieux dans la mise en œuvre des projets. L’utilité première du parking reste pleinement conservée, avec en prime une valeur d’usage améliorée.
Quels modèles économiques ?
Pour les enseignes ou gestionnaires ne souhaitant pas investir directement, le recours au tiers-investissement se présente comme une solution efficace. Un développeur prend alors en charge l’ensemble du projet – de l’investissement initial à l’exploitation – et propose un contrat clé-en-main. L’énergie est en priorité autoconsommée sur place, le surplus étant revendu via le dispositif EDF OA.
L’autoconsommation collective se développe également, notamment lorsqu’il existe plusieurs entreprises consommatrices sur un même site. En revanche, les contrats de type PPA (Power Purchase Agreement) avec des consommateurs distants ne sont pas adaptés à ces projets, souvent trop spécifiques et de taille insuffisante.
Une vision à long terme nécessaire
La généralisation des ombrières photovoltaïques sur parkings ne relève plus du choix, mais de la nécessité. Pour assurer la réussite de cette transition, les professionnels appellent l’État à offrir davantage de visibilité, notamment en clarifiant rapidement les règles du jeu. Les tarifs de rachat, particulièrement pour les installations de moins de 500 kWc, seront également décisifs dans la viabilité des projets.
Le solaire sur parking s’impose progressivement comme un standard incontournable de la stratégie énergétique française. Reste à accompagner ce changement en associant ambition, pragmatisme réglementaire, et innovation financière.